Dans le contexte actuel de transition écologique, le choix d'un logement durable est devenu une priorité pour de nombreux particuliers et professionnels de l'immobilier. Les certifications environnementales jouent un rôle crucial dans cette démarche, offrant des garanties sur la performance énergétique, le confort et l'impact écologique des bâtiments. Mais face à la multitude de labels existants, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver. Quelles sont les certifications les plus pertinentes pour un habitat véritablement durable ? Comment se distinguent-elles et quels critères prennent-elles en compte ?
Labels et certifications environnementales pour l'habitat
Le paysage des certifications environnementales pour l'habitat est riche et varié. En France, plusieurs labels coexistent, chacun avec ses spécificités et son domaine d'application. Ces certifications visent à garantir la qualité environnementale des bâtiments, que ce soit en termes de performance énergétique, de confort des occupants ou d'impact sur l'environnement.
Parmi les labels les plus reconnus, on trouve la certification HQE (Haute Qualité Environnementale), le label BBC (Bâtiment Basse Consommation), ou encore les certifications internationales comme BREEAM et LEED. Chacun de ces labels évalue différents aspects du bâtiment, de sa conception à son utilisation, en passant par les matériaux utilisés et les systèmes mis en place.
Le choix d'une certification dépend souvent du type de projet (construction neuve, rénovation, maison individuelle ou bâtiment collectif) mais aussi des objectifs spécifiques en termes de performance environnementale. Il est important de noter que ces certifications évoluent régulièrement pour s'adapter aux nouvelles réglementations et aux avancées technologiques dans le domaine de la construction durable.
HQE (haute qualité environnementale) : critères et processus
La certification HQE est l'une des plus complètes et des plus reconnues en France pour évaluer la qualité environnementale des bâtiments. Elle prend en compte un large éventail de critères, allant de la gestion de l'énergie à la qualité de l'air intérieur, en passant par le confort acoustique et visuel des occupants.
14 cibles de la démarche HQE
La démarche HQE s'articule autour de 14 cibles, regroupées en quatre thèmes principaux :
- Éco-construction : relation du bâtiment avec son environnement, choix des produits et matériaux, chantier à faible impact
- Éco-gestion : gestion de l'énergie, de l'eau, des déchets et de la maintenance
- Confort : confort hygrothermique, acoustique, visuel et olfactif
- Santé : qualité sanitaire des espaces, de l'air et de l'eau
Chacune de ces cibles est évaluée selon des critères précis, permettant une approche globale de la qualité environnementale du bâtiment. Cette approche multidimensionnelle fait de la HQE une certification particulièrement complète et exigeante.
Niveaux de performance HQE (base, performant, très performant)
La certification HQE propose trois niveaux de performance pour chaque cible :
- Base : niveau correspondant à la réglementation si elle existe, ou à la pratique courante
- Performant : niveau correspondant à de bonnes pratiques
- Très performant : niveau calibré par rapport aux performances maximales constatées dans des opérations de haute qualité environnementale
Pour obtenir la certification, un projet doit atteindre au minimum le niveau "Performant" sur un certain nombre de cibles, démontrant ainsi un réel engagement en faveur de la qualité environnementale.
Certification HQE bâtiment durable
La certification HQE Bâtiment Durable est la version la plus récente de la démarche HQE. Elle intègre de nouveaux enjeux comme l'économie circulaire, la biodiversité ou encore la résilience. Cette évolution reflète la volonté d'adapter la certification aux défis environnementaux actuels et futurs.
La certification HQE Bâtiment Durable s'applique à tous types de bâtiments, qu'il s'agisse de constructions neuves ou de rénovations. Elle évalue la performance du bâtiment selon quatre engagements : qualité de vie, respect de l'environnement, performance économique et management responsable.
HQE aménagement et HQE infrastructure
Au-delà des bâtiments, la démarche HQE s'étend également à l'aménagement urbain et aux infrastructures. La certification HQE Aménagement vise à garantir la qualité environnementale des projets d'aménagement urbain, tandis que HQE Infrastructure s'applique aux ouvrages de génie civil et d'infrastructures.
Ces certifications prennent en compte des enjeux spécifiques tels que la mobilité durable, la gestion des eaux pluviales ou encore l'intégration paysagère. Elles permettent ainsi d'assurer une cohérence environnementale à l'échelle d'un quartier ou d'un territoire.
BBC et RT2012 : normes d'efficacité énergétique
L'efficacité énergétique est un aspect crucial de la construction durable. Les labels BBC (Bâtiment Basse Consommation) et la réglementation thermique RT2012 ont joué un rôle majeur dans l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments en France.
Seuils de consommation BBC-Effinergie
Le label BBC-Effinergie, créé par l'association Effinergie, fixe des objectifs ambitieux en termes de consommation énergétique. Pour les constructions neuves, le seuil de consommation est fixé à 50 kWh/m²/an en énergie primaire, modulé selon la zone climatique et l'altitude. Ce seuil prend en compte les consommations de chauffage, de refroidissement, d'eau chaude sanitaire, d'éclairage et d'auxiliaires (ventilation, pompes).
Pour les rénovations, le label BBC-Effinergie Rénovation vise une consommation maximale de 80 kWh/m²/an, là aussi modulée selon la localisation du bâtiment. Ces exigences ont contribué à tirer vers le haut les standards de performance énergétique dans le secteur du bâtiment.
Exigences de la RT2012 et évolution vers la RE2020
La Réglementation Thermique 2012 (RT2012) a généralisé le niveau de performance BBC à l'ensemble des constructions neuves. Elle impose une consommation maximale de 50 kWh/m²/an en moyenne, avec des modulations selon la localisation géographique, l'altitude, le type d'usage du bâtiment et la surface.
La RT2012 a marqué une étape importante dans l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments. Elle a notamment introduit l'obligation de réaliser une étude thermique en amont du projet et de respecter des exigences de moyens (isolation, étanchéité à l'air, etc.).
L'évolution vers la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) marque un nouveau palier. Au-delà de la performance énergétique, la RE2020 intègre des critères relatifs à l'impact carbone des bâtiments sur l'ensemble de leur cycle de vie. Cette approche plus globale vise à réduire l'empreinte environnementale du secteur de la construction.
Test d'étanchéité à l'air et infiltrométrie
L'étanchéité à l'air est un élément clé de la performance énergétique d'un bâtiment. Un test d'infiltrométrie est obligatoire pour les constructions neuves soumises à la RT2012. Ce test mesure le débit de fuite d'air à travers l'enveloppe du bâtiment, permettant de quantifier sa perméabilité à l'air.
Le test d'étanchéité à l'air consiste à mettre le bâtiment en surpression ou en dépression à l'aide d'un ventilateur puissant, puis à mesurer le débit d'air nécessaire pour maintenir cette différence de pression. Les résultats sont exprimés en m³/(h.m²) de surface de parois froides.
Une bonne étanchéité à l'air permet de réduire les déperditions thermiques et d'améliorer l'efficacité des systèmes de ventilation. C'est un critère important pour atteindre les performances exigées par les labels BBC et la RT2012.
Certifications internationales : BREEAM et LEED
Au-delà des certifications françaises, deux labels internationaux se distinguent par leur reconnaissance mondiale : BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) et LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Ces certifications offrent une approche globale de la durabilité des bâtiments et sont particulièrement prisées pour les projets d'envergure internationale.
BREEAM, d'origine britannique, est la certification environnementale la plus ancienne et la plus utilisée dans le monde. Elle évalue les bâtiments selon neuf catégories : gestion, santé et bien-être, énergie, transport, eau, matériaux, déchets, utilisation des sols et écologie, pollution. BREEAM attribue des crédits pour chaque catégorie, aboutissant à une note globale allant de "Pass" à "Outstanding".
LEED, développée aux États-Unis, adopte une approche similaire avec des catégories comme l'emplacement et le transport, l'efficacité énergétique, la gestion de l'eau, les matériaux et ressources, la qualité de l'environnement intérieur. La certification LEED propose quatre niveaux : Certifié, Argent, Or et Platine.
Ces certifications internationales présentent l'avantage d'offrir une reconnaissance mondiale, ce qui peut être un atout pour les projets visant des investisseurs ou des occupants internationaux. Elles encouragent également une approche holistique de la durabilité, prenant en compte non seulement la performance énergétique, mais aussi l'impact global du bâtiment sur son environnement et ses occupants.
Labels énergétiques spécifiques
En complément des certifications globales, il existe des labels spécifiquement axés sur la performance énergétique. Ces labels visent à promouvoir des bâtiments à très faible consommation d'énergie, voire à énergie positive.
Passivhaus : principes et critères techniques
Le label Passivhaus, originaire d'Allemagne, est reconnu pour son exigence en matière de performance énergétique. Un bâtiment Passivhaus doit respecter des critères stricts :
- Consommation de chauffage inférieure à 15 kWh/m²/an
- Consommation totale en énergie primaire inférieure à 120 kWh/m²/an
- Étanchéité à l'air très performante (n50 ≤ 0,6 vol/h)
- Température intérieure supérieure à 20°C en hiver et inférieure à 25°C en été
Pour atteindre ces performances, les bâtiments Passivhaus s'appuient sur une isolation thermique renforcée, une ventilation double flux avec récupération de chaleur, et une optimisation des apports solaires passifs. Ce standard est particulièrement exigeant et demande une attention particulière dès la conception du bâtiment.
E+C- : expérimentation énergie positive et réduction carbone
Le label E+C- (Énergie Positive et Réduction Carbone) est une expérimentation lancée en France en préparation de la RE2020. Il vise à promouvoir des bâtiments à énergie positive tout en réduisant leur empreinte carbone sur l'ensemble de leur cycle de vie.
Le label E+C- définit quatre niveaux de performance énergétique (Énergie 1 à 4) et deux niveaux de performance carbone (Carbone 1 et 2). Les niveaux les plus élevés correspondent à des bâtiments produisant plus d'énergie qu'ils n'en consomment et ayant un impact carbone minimal.
Cette approche novatrice prend en compte non seulement la consommation d'énergie en phase d'exploitation, mais aussi l'énergie grise des matériaux et les émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment.
Effinergie+ et BEPOS effinergie 2017
L'association Effinergie a développé deux labels complémentaires pour aller au-delà des exigences de la RT2012 :
Effinergie+ vise une réduction de 20% de la consommation énergétique par rapport à la RT2012. Il impose également des exigences renforcées en matière d'étanchéité à l'air et de qualité de la ventilation.
Le label BEPOS Effinergie 2017 (Bâtiment à Énergie POSitive) va encore plus loin en exigeant que le bâtiment produise plus d'énergie qu'il n'en consomme sur une année. Ce label prend en compte la consommation tous usages (y compris les usages spécifiques de l'électricité) et impose une production d'énergie renouvelable locale.
Ces labels Effinergie constituent des références en matière de performance énergétique et préfigurent les exigences futures de la réglementation thermique.
Certifications matériaux et qualité de l'air intérieur
Au-delà de la performance énergétique, la qualité environnementale d'un bâtiment passe aussi par le choix des matériaux et la qualité de l'air intérieur. Plusieurs certifications et étiquetages permettent de guider les choix dans ces domaines.
NF environnement et
Écolabel européen
L'Écolabel Européen est une certification environnementale reconnue dans toute l'Union Européenne. Il s'applique à une large gamme de produits et services, y compris les matériaux de construction. Pour obtenir ce label, les produits doivent répondre à des critères stricts en termes d'impact environnemental tout au long de leur cycle de vie.
Dans le domaine de la construction, l'Écolabel Européen certifie notamment des peintures, des revêtements de sol, ou encore des produits d'isolation thermique. Ces produits labellisés garantissent une réduction des émissions de substances nocives, une utilisation limitée de substances dangereuses, et une efficacité d'utilisation élevée.
Étiquetage sanitaire des matériaux de construction
Depuis 2013, les produits de construction et de décoration sont soumis à un étiquetage obligatoire indiquant leur niveau d'émission en polluants volatils. Cet étiquetage, représenté par une lettre allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions), permet aux consommateurs de choisir des produits moins nocifs pour la qualité de l'air intérieur.
Les substances prises en compte dans cet étiquetage incluent le formaldéhyde, l'acétaldéhyde, le toluène, et d'autres composés organiques volatils (COV). En privilégiant des produits classés A+ ou A, on contribue à créer un environnement intérieur plus sain, particulièrement important dans les bâtiments bien isolés où l'air circule moins.
FDES (fiches de déclaration environnementale et sanitaire)
Les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) sont des documents standardisés qui fournissent des informations détaillées sur l'impact environnemental et sanitaire des produits de construction. Ces fiches, basées sur une analyse du cycle de vie du produit, couvrent de nombreux aspects tels que la consommation de ressources, les émissions de gaz à effet de serre, la production de déchets, et les impacts sur la santé.
Les FDES sont particulièrement utiles pour les professionnels du bâtiment qui cherchent à réaliser des constructions durables. Elles permettent de comparer objectivement différents produits et de choisir ceux qui ont le moindre impact environnemental. De plus, ces fiches sont souvent nécessaires pour obtenir certaines certifications environnementales comme HQE ou BREEAM.
En utilisant des produits disposant de FDES favorables, les constructeurs peuvent améliorer significativement le bilan environnemental global d'un bâtiment. Cela contribue non seulement à réduire l'empreinte écologique de la construction, mais aussi à créer des espaces de vie plus sains pour les occupants.